« Je ne me suis souvenu de rien, jusqu’à ce que je sois sous la douche. Là, les croûtes de ce flou se sont dissoutes en même temps que la crasse sur mon corps. »
Le vin de la colère divine (1968) - Kenneth Cook

« Victor aime passer du temps sous la douche. Quand il est sous le jet d’eau, il s’égare dans ses souvenirs et ne voit pas le temps passer. Et cela agace terriblement Sofia, sa compagne. Un jour, elle le met dehors, elle a besoin d’un break. Victor retourne alors chez ses parents, bien décidé à apprendre à se laver rapidement. Désormais, il se rend sous la douche avec un sablier. Mais à chaque fois qu’il fait une nouvelle tentative, quelque chose ou quelqu’un vient le déranger ».
Jean-Baptiste Delannoy est un familier du huis clos : lors de ses études à Varsovie, il avait fait un travail nommé « silence » qui se déroulait dans un ascenseur, en 2013 il propose un court-métrage sur vieil homme enfermé dans une maison de repos, et dans ce court-métrage ci, il peint l’histoire d’un trauma baigné d’humour, dans un cadre quelque peu anodin : la douche.
Mais il ne s’agit pas d’une seule douche. Il y a la douche chez lui au mur carrelé de triangles bleutés, la douche de la piscine aux carrelages blancs, celle de ses parents aux grands carreaux gris, celle de ses amis au papier peint façon forêt équatoriale, et même lors d’une soirée où il se rend, celle-ci à lieu dans une salle de bain aux petits carrelages bleus illuminés par une lumière rouge. Tout est douche.
Jean-Baptiste Delannoy est un familier du huis clos : lors de ses études à Varsovie, il avait fait un travail nommé « silence » qui se déroulait dans un ascenseur, en 2013 il propose un court-métrage sur vieil homme enfermé dans une maison de repos, et dans ce court-métrage ci, il peint l’histoire d’un trauma baigné d’humour, dans un cadre quelque peu anodin : la douche.
Mais il ne s’agit pas d’une seule douche. Il y a la douche chez lui au mur carrelé de triangles bleutés, la douche de la piscine aux carrelages blancs, celle de ses parents aux grands carreaux gris, celle de ses amis au papier peint façon forêt équatoriale, et même lors d’une soirée où il se rend, celle-ci à lieu dans une salle de bain aux petits carrelages bleus illuminés par une lumière rouge. Tout est douche.

Cette comédie dramatique raconte, avec tact et sourire en coin, l’histoire d’un jeune homme traumatisé incapable de vivre dans le présent. Si, lorsqu’il entre dans la douche, l’eau sur son corps s’évacue, s’évapore, pour continuer son chemin, pour changer d’état, lui, bloqué physiquement, l’est tout autant dans son esprit. Car si son esprit vagabonde, ce n’est pas pour voyager à travers des rêves, mais pour mieux revenir à un évènement précis de son enfance. La douche est sa prison et l’eau qui coule sur son corps la clé vers les réminiscences d’une déchirure passé.
« Quand j’ai été traumatisé, je suis prisonnier du passé, ma mémoire n’est plus saine, elle n’est plus évolutive » dit Boris Cyrulnik. Par conséquent, la personne traumatisée a une représentation du temps qui est altérée. Le sablier interne de Victor est à l’horizontal. Il est donc obligé d'en utiliser un externe pour reprendre en main son présent, pour re-posséder son monde intime, pour s’échapper de sa prison et se débattre, afin d’atteindre la résilience.
« Quand j’ai été traumatisé, je suis prisonnier du passé, ma mémoire n’est plus saine, elle n’est plus évolutive » dit Boris Cyrulnik. Par conséquent, la personne traumatisée a une représentation du temps qui est altérée. Le sablier interne de Victor est à l’horizontal. Il est donc obligé d'en utiliser un externe pour reprendre en main son présent, pour re-posséder son monde intime, pour s’échapper de sa prison et se débattre, afin d’atteindre la résilience.
