
Le titre du film de François Ozon place d’emblée l’intrigue dans une temporalité bien précise et l’on sait que l’on va assister à quelque chose d’éphémère, de fulgurant, d’un éclat fugitif. La première scène annonce la couleur : un jeune homme, Alex, est menotté, entouré de policiers sur les bancs d’un tribunal ; l’on est loin des amours d’été ordinaires, de ceux qui passent mais qui laissent un léger goût nostalgique, à la manière du bronzage à la fin de l’été, souvenir du soleil qui colore la peau après l’avoir caressée et embrasée. La narration est alors entrecoupée de nombreux flash-backs qui tissent la trame de fond, sur laquelle le présent vient se poser, épars, apparaissant dès lors comme étant l’enjeu du film, à savoir comprendre comment Alex peut-il bien se retrouver sur le banc des accusés ? L’idée de ce va-et-vient est plutôt intéressante et génère une tension palpable entre les rendez-vous chez la pédopsychiatre - qui tente de percer au jour Alex - et la narration qui suit les écrits d’Alex, reconstituant son histoire d’amour avec David, encouragé par son professeur de français afin de préparer sa défense devant le tribunal.

L’on revient ainsi sur les premiers instants de leur rencontre au travers de la subjectivité d’Alexis (celui-ci ne se fait Alex qu’après sa rencontre avec David) donc : du coup de foudre amoureux où David apparaît triomphant sur son petit voilier en venant à l’aide du pauvre garçon naufragé, en passant par leurs premiers émois amoureux, et en finissant par le déchirement passionnel. Tout cela va très vite, comme le feu ardent de la passion qui les unit brièvement. C’est beau, c’est fantasmé et c’est tout un imaginaire qui pop-up à l’écran : celui des eigthies, celui de l’adolescence innocente qui surgit sous le grain de l’image et In Between Days de The Cure d’envahir la salle et de nous plonger dans une Bretagne ensoleillée.
En cela le film est une réussite, faisant écho à la délicieuse idylle d’Elio et d’Olivier dans Call me by your name. Mais, là où le bât blesse c’est justement parce que le drame-romantique s’amuse à flirter avec le film policier. La romance s’essouffle très vite comme on aurait pu l’attendre, mais laisse trop de place à la résolution de l’intrigue policière. La chute tombe à l’eau, fait perdre au film toute la force qu’il semblait avoir acquise jusque-là. La deuxième partie du film est donc moins intéressante dans le sens où, le film, ayant résolu l’intrigue policière première, apparaît vain, et l’on s’ennuie presque de voir Alex tenter de se démêler gauchement de ses problèmes avec la justice. Et l’on se demande vraiment pourquoi l’on a fait un tel bruit pour si peu ? A moins que le film ne soit une critique du système judiciaire et que l’on soit passé à côté du message principal du réalisateur ?
L’on ressort frustré de la salle : avec l’envie irrépressible de vivre une passion aussi intense que semble l’avoir vécue Alex, mais les yeux un peu secs, attristés de n’avoir pu verser une larme.
