
L’été, c’est la saison des vacances, de la chaleur, des glaces et boissons fraîches. C’est aussi la saison du ramadan. De l’aube au coucher du soleil, interdit donc de boire ou de manger, et ce pendant un mois entier. Le court-métrage débute sur un travelling avant à travers lequel nous découvrons deux jeunes garçons de onze ans, Kader et Rudy, immobiles face à une marchande de glaces. La tentation est grande, ils ont chaud, ils ont faim, ils ont soif. C’est la première fois que Kader s’essaye au ramadan, tentant par là de gagner l’estime de son père. Pour Rudy qui n’est pas de confession musulmane, c’est un nouveau jeu qui s’offre à lui, un nouveau challenge, une façon également de soutenir son ami. Entre jeux d’enfants, à s’imaginer en Mad Max ou le Parrain, et tentatives de faire les grands, nous suivons Kader et Rudy pendant une très longue journée d’attente, espérant que les aiguilles tournent plus vite, que les heures s’accélèrent, que le crépuscule se hâte de faire son apparition et mette un terme au règne despotique de cette fournaise solaire. Les ventres grondent et gargouillent, les gorges s’assèchent, mais rien ne fera plier Kader, pas même son évanouissement dans l’ascenseur. Le regard froid de son père pèse sur lui, un regard qu’il aimerait muer en fierté. Il est intéressant de noter que ce que nous montre le réalisateur, Abdenoure Ziane, c’est finalement le relâchement du père, le retour de son humanité, l’attention de la mère, une famille de nouveau unie sur le canapé, et un apaisement vis-à-vis des commandements de la religion. Le morceau de chocolat que tend le père à son fils est une offrande de paix. Kader réessaiera demain.

Le court-métrage nous emporte dans une parenthèse estivale aux couleurs chaudes, mais à la tension constamment palpable, à une attente, une lenteur subit autant par les personnages que par les spectateurs. En effet, il ne passe pas grand-chose durant ces 20 minutes, au même titre qu’il ne se passe pas grand-chose au cours d’une journée de vacances, et encore moins lorsqu’il faut éviter de penser à toutes les tentations qui nous entourent. L’identification entre personnages et spectateurs fonctionne donc à merveille.
Finalement, Abdenoure Ziane prend position par rapport au ramadan ; la participation de Rudy qui n’est pas musulman, le fait que Kader ne comprenne pas l’arabe et enfin l’aperçu de la tricherie finale commise par la petite fille qui se désaltère en cachette, que devons-nous y voir ? Peut-être une tentative de nous montrer que la légèreté et le manque d’assiduité des enfants face au ramadan ne font pas d’eux de mauvais musulmans. Leur volonté de s’essayer à cette tradition semble plus importante.
