
Un champ de fleurs. Deux sœurs, deux destinées, dans une Amérique rongée par le racisme, le patriarcat, la violence. Ça vous semble familier ? L’histoire de Celie, est celle d’un mariage forcé, d’une vie de soumission, loin de sa sœur et de ses enfants. Adapté du roman d’Alice Walker, le film réalisé par Steven Spielberg est destiné au grand public. Tout y est, en effet, suggéré, rien ne choquera réellement à l’image, nous sommes dans la recherche de l’empathie, de l’émotion, de l’« entertainment ». Si la question du racisme est importante, ce n’est pas la principale ; le film explore surtout la situation des femmes en ce début du XXe siècle. L’assertion d’Albert est poignante de vérité ; « You’re black, you’re poor, you’re ugly, you’re a woman, you’re nothing at all! », être une femme noire et pauvre, c’est malheureusement cumuler tous les handicaps. Toutefois, les personnages vont réussir à dépasser leurs conditions pour s’élever et s’émanciper. Celie finit par acquérir une indépendance financière et peut dès lors vivre sa vie telle qu’elle l’entend ; sa création de pantalons pour tous est un symbole fort, la femme peut enfin se libérer de l’entrave de la robe et entamer son combat pour l’égalité. Si le film est réalisé par un homme blanc, il n’en reste pas moins qu’il est l’adaptation, édulcorée certes, d’un roman écrit par une femme noire. Un contexte de 1930, un film de 1985, des échos encore trop présents en 2021, La couleur pourpre c’est l’incarnation d’un combat. D’un chemin de croix. D’un champ de fleurs.
