« Faut voir grand dans la vie, quitte à voyager à travers le temps au volant d’une voiture, autant en choisir une qui ait d’la gueule ! »
Doc. Emmett Brown, Retour vers le Futur (1985)
Cette dernière décennie à vu les années 80 faire leur grand retour aussi bien dans la mode, que dans la décoration, ou sur les écrans. On le sait, dans la mode, il est toujours question d’un « éternel retour ». Et c’est lorsqu’on a en partie oublié les mauvais côtés d’une époque, qu’elle peut revenir glorifiée, mystifiée. 

Si la sortie et réussite de Star 80 en 2012 réalisé par Thomas Langmann et Frédéric Forestier ainsi que la tournée qui en a suivi témoignait déjà d’une nostalgie dans les pays francophones, à l’international, ce sont les inattendus Gardiens de la Galaxie  de James Gunn en 2014 avec son inoubliable BO, savant mélange de musique des années 70 et 80, et le lecteur cassette du protagoniste qui ont marqué les esprits. 

Néanmoins, il faut attendre 2016 et la sortie sur Netflix de la série Stranger Things pour mettre le feu aux poudres et décidément noyer une nouvelle génération dans l’atmosphère des eighties. Si Spielberg et sa compagnie de production Amblin ont façonné l’univers des années 80, Stranger Things est l’œuvre qui a créée « une rupture dans le continuum espace-temps [entrainant] une nouvelle séquence chrono-évènementiel [accouchant] de cette réalité alternative » ... Traduction ? … Ce n’est pas étonnant de voir aujourd’hui des personnes habillées en arc-en-ciel électrique, en froufrou façon crème pâtissière, en motifs félins, chaussures blanches aux pieds. « Pas. De. Jugement ». 
Le nombre de partenariats entre les marques (Levi’s, Nike …) et la série lors de la sortie de sa saison 3 en 2019 témoignent de la prise de conscience des premières du potentiel économique de ce vecteur grandissant. 
Argent en jeu ou non, personnes à l’origine des projets ayant grandies durant cette période ou non, il s’en est suivi des séries et des films qui ont abordé cette époque. On peut retenir GLOW, une autre série étasunienne, sortie en 2017 chez Netflix où une jeune actrice en quête désespérée d’un emploi se retrouve dans l’univers du catch pour la réalisation d’un show télévisé. Mais cette année-là, c’est avant tout un film qui a retenu l’attention : Call Me by Your Name. Réalisé par Luca Guadagnino, scénarisé par James Ivory d’après le roman du même nom d’André Aciman, le film a obtenu 202 nominations dont 88 prix remportés. Il raconte l’histoire d’un amour entre deux jeunes hommes homosexuels le temps d’un été en 1983. 

À l’instar d’un boomerang, l’envie de dépeindre cette époque est revenue dans le 7e Art Français avec une autre adaptation qui narre également la relation entre deux jeunes hommes. Sorti en 2020, Été 85 de François Ozon adapte Dance on My Grave d’Aidan Chambers. Toutefois, si le premier film est une balade à vélo sous la lumière chaude de l'été, un vent léger murmurant du Bach, le second est une virée à moto chaotique, un coup de soleil, l’air hurlant de The Cure aux oreilles. (Cf. la critique d’Eté 85 de Kallysté Dessart--Vincent) 

C’est donc tout naturellement qu’après le grand écran, les séries françaises s’emparent de l’époque. Tout d’abord, 3615 Monique d’Emmanuel Poulain-Arnaud et Armand Robin disponible depuis décembre 2020 sur OCS, est une série qui aborde les débuts du minitel et la façon dont trois ami(e)s décident d’en tirer profit pour gagner de l’argent dans la création d’une messagerie rose. 
Mais aussi OVNI, série disponible depuis ce mois-ci sur Canal +, créée par Clémence Dargent et Martin Douaire, réalisée par Antony Cordier, qui avec humour relate la mise au placard d’un scientifique du CNES (le Centre National d’Etudes Spatiale) vers le GEPAN (Le Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés). Cet homme, interprété par Melvil Poupaud, se retrouve au milieu de ses nouveaux collègues bien plus passionnés par le domaine que lui. Il va devoir faire face à leur manque de rigueur scientifique et à des événements inattendus qui le jetteront dans de grandes incertitudes et l’embarrasseront au plus haut point. 
Certes, cette dernière série française se passe plus spécifiquement à la fin des années 70, toutefois elle s’est inspirée d’évènements qui se sont déroulés dans les années 80. Son renouvellement par Canal + pour une seconde saison laisse présager une entrée fracassante dans cette nouvelle décénie. 

Une époque qui imprègne donc comme vous l’aurez compris la mode et les écrans de ces dernières années. À voir où cela nous conduira, les répercutions sur l’économie et l’art de la décennie à venir. Ce qui est sûr, c’est que cette mode n’est pas près d’être terminée : les séries Stranger Things et GLOW attendent une quatrième saison et l’année 2021 doit compter avec la sortie de Top Gun : Maverick réalisé par Joseph Kosinski qui fait suite au mythique Top Gun sorti en 1986 ! 
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