Sautet, songeur, chez lui © Coll. Yves Sautet/DR

Sautet représentait les mœurs. Il savait surtout faire sauter les cœurs. 
Avec lui, même le thème de l’ennui luisait. La lancinance de tous les jours, les mots et les maux d’amour rodaient aux alentours des années 80, légers et divins. Il savait dépeindre la réalité de son époque avec justesse et entrain. 

Dans Un Cœur en hiver, il y a un amour qui nait et qui aussitôt meurt. 
Dans César et Rosalie, il y a un impossible rendu possible. 
Dans Nelly et Mr Arnaud, il y a l’amour platonique, le non-dit onirique.  
Dans Les choses de la vie, il y a des envies, des grains de folie et de la magie. 
Dans Un mauvais fils, il y a de la puissance en errance. 
Dans Max et les Ferrailleurs, il y a du charme et des leurres. 

Avec Sautet, même quand tout se tait, rien n’est véritablement muet. 
Dans ses films, le silence s’élance et façonne des romances. 
Sautet guettait subtilement les mœurs et déployait les cœurs. Et puis Claude créa Romy… Elle était le point sur le i. Si pleine de vie, si pleine d’envie d’être en vie, Romy ne manquait pas le rendez-vous de la magie. Sur l’écran, son âme rougit. Avec elle, tout est dit !

Sur le tournage Les Choses de la vie avec Romy Schneider  

Coll. Christophel/RnB © Fida Cinematografica/Lira Films/Sonocam

Et puis, dans les films de Sautet, il y a les scénarios de Jean-Loup Dabadie. 
Dabada, dabada, c’est joli ! On en pleure et on en rit. 
Sautet, c’est ma tasse de thé, car de ses films jaillit l’impératif Aimez !
Ça rejoint ce que Romy disait : « Réussir, ce n’est pas toujours ce qu’on croit… Réussir, c’est connaître la joie, la liberté, l’amitié sincère et l’amour. Je dirais que réussir, c’est Aimer. » 
Ils aimaient et… ils montraient sur nos télés ce que aimer pouvait signifier…

Dans Un mauvais fils, aimer c’est secourir, c’est tenter d’adoucir l’ire.
Dans Un cœur en hiver, aimer c’est s’enfouir et s’enfuir.
Dans Les choses de la vie, aimer c’est questionner et mourir.
Dans Nelly et Mr Arnaud, aimer c’est observer et écrire.
Dans César et Rosalie, aimer c’est jalouser et offrir.
Dans Max et les Ferrailleurs, l’amour est partout et ailleurs…

En somme, avec Sautet, tout se tait et rien ne meurt !
On célèbre ce mois-ci son anniversaire, presque centenaire. 
L’imaginaire de Sautet erre toujours et inspire en Si majeur.

Michel Serrault et Emmanuelle Béart dans Nelly et Mr Arnaud 

Coll. Christophel © Cecchi Gori Group Tiger Cinematografica/David Koskas

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