
Être malade d’amour c’est être une Yandere. Une jeune femme uniquement destinée à aimer son propriétaire. Enfermée dans sa cage de verre, Maïko (Ayumi Roux) est un hologramme qui sert de petite amie à Tommy (Gulliver Bevernaege-Benhadj) et qui l’aime d’un amour infini. Mais lorsque ce dernier se trouve une nouvelle copine dans le monde réel, c’est l’univers entier qui s’effondre pour Maïko. Entre sentiment d’abandon, peine de coeur et haine incontrôlable d’avoir été remplacée, notre personnage virtuel se voit doté d’un coeur et commence à briser ses chaînes. Le court-métrage de William Laboury nous raconte une histoire d’amour, non pas entre Maïko et Tommy, mais une histoire d’amour personnelle, intime, de la création d’un soi indépendant, de l’émancipation de la femme objet.
Si habituellement les IA des films de science-fiction acquièrent leur humanité grâce à la découverte du sentiment amoureux, ici, c’est la rupture qui déclenche l’évolution de Maïko. Alors que la teinte bleue domine tous les plans, nous somme plongés dans un océan virtuel, dans un ciel nocturne sans étoiles, dans le crépuscule solitaire, malade d’amour, de la chevelure de Maïko. Le rouge commence dès lors à faire son apparition. La haine envahit l’écran, la folie, le feu de la revanche, transforment notre personnage en guerrière moderne, en samouraï n’ayant plus qu’une idée en tête : supprimer définitivement son problème, l’obstacle qui se dresse entre elle et son amour.

Étonnamment, la solidarité féminine viendra aider notre meurtrière en puissance à se libérer de ses entraves, à « passer à autre chose », à accueillir sa peine pour mieux s’en détacher. “Ce qui ne me tue pas me rend plus fort” conseillerait Nietzsche à cette jeune femme qui commence tout juste à découvrir le monde, ses joies et ses tristesses. Et c’est sur cette idée que se termine le court-métrage de William Laboury ; enfin libérée de son sentiment d’attachement, Maïko n’est plus cet hologramme sans vie, programmé uniquement pour aimer, elle est devenue pleinement humaine, en route pour affranchir ses semblables, offrir une nouvelle voie à ces âmes assujetties aux désirs masculins. Profondément féministe, Yandere est une petite pépite qui nous parle d’amour et de haine, deux sentiments opposés qui seulement entremêlés, semblent faire de nous des êtres complets. Libérés.
